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“Halima est une secrétaire en université à qui l’administration avait commencé par lui reprocher ses[...]En savoir plus ”
Du Maghreb à l’Indonésie, la réforme poursuivie par le colonisateur visait non seulement la désislamisation des peuples indigènes, mais aussi la domination de leurs pays après le retrait des armées occupantes.
Les ouvrages des administrateurs coloniaux nous apprennent que cette réforme était planifiée en quatre phases : le massacre des oulémas, l’abolition de l’enseignement islamique, l’importation des constitutions occidentales et la mise au pouvoir de dictateurs séculiers.
La machination coloniale, à travers les quatre étapes susmentionnées, avait comme objectif d’acculturer (alors synonyme de « civiliser ») les masses du monde musulman. L’espoir était que si les indigènes imitaient la culture occidentale, ils finiraient par s’autogérer dans des économies subordonnées aux intérêts de leurs maîtres coloniaux.
Aujourd’hui, comprendre les différentes étapes du projet de la réforme coloniale est devenu indispensable pour mener à bien la décolonisation des esprits musulmans.
« LA MENACE DES ÉRUDITS MUSULMANS »
Les puissances coloniales avaient bien saisi que les savants musulmans constituaient l’obstacle principal à leur réforme. À la fin du XIXe siècle, l’administrateur britannique en Égypte, Evelyn Baring (1841–1917), écrit que les oulémas étaient les premiers à dénoncer l’occidentalisation de leur pays :
Les représentants de la religion mahométane (NDT les oulémas) se méfiaient du réformateur anglais avant même que celui-ci ne commence sa réforme. Leur méfiance est due à deux facteurs. C’est d’abord en raison de leur credo, et puis parce qu’ils ne peuvent s’empêcher de nous soupçonner d’avoir des intentions malveillantes visant à ébranler les fondements de leur vieille religion.
C’est pourquoi les colons ont toujours commencé par massacrer les savants contestataires dans les pays qu’ils occupaient. Un phénomène qui affectait l’ensemble du monde musulman :
Je peux dire que les ennemis de l’islam craignent les oulémas plus qu’ils ne craignent nos avions et nos missiles. Ils ne craignent pas nos armes, car ils en ont plus que nous. Par contre, ils ont très peur des érudits musulmans et c’est pourquoi, lorsqu’ils envahissent nos pays, ils commencent par massacrer les oulémas.
Cette pratique de tuer et d’emprisonner les gens de science a plus tard été perpétuée par les dictateurs qui ont pris la relève après le retrait des troupes coloniales.
« LA MENACE DE L’ENSEIGNEMENT ISLAMIQUE »
La seconde étape dans le processus de la réforme consistait à diffuser l’idéologie séculière par le biais de l’enseignement. Les érudits islamiques attestent qu’entre le XVIIIe et le XXe siècle, la colonisation a causé la perte presque totale des sciences islamiques dans certains pays ((Voir Hammâd al-Ansâri « Majmou’ fi tarjama Hammâd al-Ansâri »)).
Les écoles coraniques étaient fermées en grand nombre et remplacées par des instituts qui devaient jeter les fondations pour une « vidange culturelle » des futures générations. L’objectif était de « vider les enfants de leur passé qui jaillit dans leur sang et qui les lie à la langue arabe et l’islam » :
Les colons avaient frayé le chemin pour remplir (le vide chez) la jeunesse avec un passé insignifiant qui n’est pas le leur et qui sème en eux la confusion… Ce vide (chez les enfants) fut alors rempli par des sciences, de la littérature et des arts qui n’ont aucun lien avec leur propre passé. Plutôt, il s’agit des sciences de l’envahisseur, des arts de l’envahisseur, de la littérature de l’envahisseur, de l’histoire de l’envahisseur et de la langue de l’envahisseur…
En déracinant plusieurs générations successives, l’enseignement colonial a causé des ravages sociaux et psychologiques qui laissent de profondes séquelles. Les autorités coloniales faisaient recours à des traîtres locaux qui, après avoir été formés en Europe, furent placés aux postes majeurs dans l’enseignement.
Une fois la Charia abolie, il ne restait plus qu’à finaliser le projet de réforme avec l’importation des constitutions européennes. Pour s’assurer que celles-ci soient maintenues dans l'avenir, le colonisateur avait placé au pouvoir des dictateurs laïcs qui poursuivaient la politique d’acculturation et qui étouffaient toute aspiration légitime au retour de la culture, de la gouvernance et des valeurs islamiques.
L’ENSEIGNEMENT, L’UNIQUE VOIE POUR RETROUVER LA DIGNITÉ
L’histoire de la réforme coloniale doit être analysée pour comprendre comment reconstruire le monde musulman. La décolonisation des esprits et pays musulmans doit se faire à plusieurs niveaux. Pour savoir par où commencer, il suffit de rechercher l’étape par laquelle les colons ont initié la destruction des sociétés islamiques.
Leur première préoccupation étant de massacrer les oulémas et d’abolir l’enseignement islamique, il nous incombe de reconnaitre à nouveau le statut des gens de science et de restaurer une éducation en accord avec nos principes.
Ici, la compréhension de la réalité dans laquelle nous vivons ainsi que la manière dont la colonisation l’a influencée est d’une importance capitale :
Étant donné notre situation actuelle, les étudiants sont obligés de reconnaitre la nécessité de comprendre la réalité dans laquelle nous vivons. Notre objectif est de nous débarrasser de la colonisation impérialiste dans les pays islamiques, ou du moins dans certains de ces pays. Les musulmans s’accordent pour dire que la réalisation de cet objectif ne peut se faire que si nous comprenons les méthodes qui sont employées pour conspirer contre nous. Nous devons savoir comment nos ennemis s’organisent et se mettent d’accord (pour nous combattre). Cela nous permettra de prendre garde à ce qu’ils font et de prévenir les autres contre leurs machinations. C’est ainsi que leur colonisation et leur asservissement du monde musulman pourra prendre fin. La libération (du monde musulman) ne peut être obtenue que par l’éducation des jeunes. Ils ont besoin d’un enseignement qui comprend la croyance, la science et la méthodologie islamiques et qui est basé sur deux aspects de base. Le premier consiste à purifier la religion des impuretés qui se sont suspendues à elle. Le second consiste à instaurer un enseignement qui est en accord avec les principes de cet islam orthodoxe.
Sans éducation rigoureuse et sans retour aux fondements de notre religion, il est utopique d’espérer un jour acquérir l’autodétermination qui permettra aux musulmans de délaïciser (ou décoloniser) leurs sociétés.
TROIS OPTIONS POUR LES MUSULMANS
En tant que musulmans, nous sommes aujourd’hui confrontés à trois possibilités : ou bien nous suivons aveuglément la génération de nos parents et nous continuerons à traiter l’islam comme une simple culture. Ou bien nous imitons méticuleusement l’Occident en toutes choses et nous adoptons ses pensées, coutumes et croyances. Nous réaliserons alors l’objectif principal du colonialisme qui était de nous rendre des imitateurs à perpétuité au service de l’Occident.
Notre troisième option consiste à revenir à notre religion par une éducation qui est en harmonie avec nos propres valeurs. Cela ne signifie nullement qu’il faut négliger l’apprentissage des sciences utiles issues d’autres civilisations. Bien au contraire, les musulmans peuvent améliorer et adapter ces connaissances pour faire valoir les principes du Coran et de la Sunna (libérer l’humanité des fausses idoles, instaurer la justice dans le monde…). De cette façon, nous pourrons être un exemple à suivre pour l’humanité comme nous l’étions dans le passé ((Abdullah Al-Andalusi, « Time for a new ‘Tahafut’ against Secular liberalism and its disciples within the Muslim community »)).
Mais avant de pouvoir réellement changer nos actions, il faut d’abord provoquer un changement radical dans notre façon de penser. C’est ici que commence la décolonisation des esprits. Certes, ce n’est pas demain ou le jour d’après que cela se réalisera, mais c’est aujourd’hui que nous devons semer les graines…
Sur le même sujet: "La France peut-elle Réformer l’Islam ?"
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